le 27 avril 2021
« Le Future of Work sera collectif »

L’auteur de la newsletter Billet du Futur, Samuel Durand, creuse un peu plus encore le « future of work » dans un documentaire intitulé Work in Progress qui sort aujourd’hui sur Welcom Originals et le 11 juin 2021 sur Salto. A travers un voyage initiatique, le documentaire explore les nouvelles façons de travailler qui s’inventent au quotidien. Retour sur cette aventure dont le Groupe Randstad France est partenaire. 

Comment est née l’idée de votre documentaire ? 

Pendant mon année de césure, j’ai monté un projet d’étude sur les transformations du travail, appelé Going freelance. Un rapport imposant de 250 pages qui revient sur les relations entre indépendants et entreprises. Mais très rapidement, au cours de mes recherches, le sujet s’est élargi aux nouvelles pratiques managériales. J’ai voulu aller plus loin et rendre le sujet plus ludique et plus accessible au grand public. Je regarde beaucoup de documentaires et j’y apprends beaucoup. J’ai donc décidé de miser sur ce format avec la société de production KÖM. 

Quels nouveaux modes de travail avez-vous voulu mettre en avant ? 

Dans le documentaire, tout n’était pas scripté à l’avance puisque chacun interlocuteur était libre de ses propos. Mais tous étaient orientés vers les nouvelles façons de travailler qui s’inventent au quotidien. A travers ce voyage initiatique, Sam va à la rencontre de l’entreprise Basecamp, pionnière sur le télétravail et le full remote, puis poursuit son chemin avec Lauren Carey, une digital nomad, ces personnes qui décident de ne pas voir de domicile fixe et changent de lieu au gré de leurs envies tout en travaillant. J’ai aussi voulu faire un focus sur la passion economy et ainsi montrer que n’importe qui peut créer, entreprendre et diffuser son contenu, comme le Youtubeur Ugo Marchand par exemple. Évidemment, le freelancing avait toute sa place dans ce documentaire et nous avons interrogé ce mode de travail aussi ainsi que celui des communautés pour savoir comment retrouver le partage de valeurs communes au-delà du travail. 

Vous avez tourné le documentaire en pleine crise Covid. Qu’est-ce que cela a changé dans la structure et le propos du documentaire ? 

Oui, la crise est arrivée au milieu du tournage. On a dû s’adapter comme tout le monde. Nous devions par exemple aller filmer une semaine au cours de laquelle les salariés de Basecamp se retrouvent. Ce regroupement en physique n’a pas pu avoir lieu à cause du Covid, mais il a été organisé en remote. Dans la narration, cela nous a permis d’explorer davantage encore de mode de fonctionnement et de montrer que ce que vivent les salariés de cette entreprise depuis cinq ou dix ans est encore plus visible avec la crise Covid. De même, Lauren, la digital nomad du documentaire, a été moins nomade que prévu et est finalement restée à Amsterdam, alors qu’elle comptait bouger. 

Pour certains interlocuteurs, avez-vous ressenti que cette crise a fondamentalement changé quelque chose ? 

Oui. Par exemple, les makers de MOB, l’un des premiers espaces de coworking de Barcelone, ont créé et offert aux hôpitaux de la ville des visières et des produits dont les soignants avaient besoin pour les aider. Ou encore la communauté de travailleurs Enspiral avait l’habitude de rassembler tous ses membres une fois par an en Nouvelle-Zélande. Cette année, c’était impossible avec le Covid, mais ils ont découvert qu’ils pouvaient le faire en petits groupes en ligne, ce qui donne un nouvel élan à la communauté et fait naître des collaborations inédites. 

Quelle leçon retenir de ce documentaire ? 

La conclusion est assez claire : tous les intervenants estiment que le travail de demain sera collectif avant tout. Je ne pensais pas avant de commencer que cette idée allait ressortir autant. Au sein même des entreprises, la tendance va être de réduire les silos, les niveaux de management pour aller vers une gestion plus horizontale et une accélération du télétravail qu’on constate déjà depuis la crise Covid. Le collectif va se jouer aussi en dehors des murs de l’entreprise avec le concept d’entreprise étendue. Clients, fournisseurs, freelances se reconnaissent parfois dans la vision de l’entreprise. L’entreprise de demain sera plus guidée par des projets que par des personnes. 

La question des freelances reste un sujet délicat pourtant…

Oui, mais il y a une vraie évolution, notamment aux États-Unis et au Canada. L’acceptation des freelances se fait plus largement en France aussi depuis la crise Covid et l’accélération de la transformation numérique des entreprises. Il y a une sorte d’adoption industrielle du recours aux freelances avec davantage d’entreprises qui font confiance à cette forme de travail. Cela fait sauter des verrous et permet de jouer davantage sur les coûts variables. 

Que souhaitez-vous transmettre au public qui verra votre documentaire ? 

L’objectif de ce documentaire est de permettre à des personnes qui ne sont pas très heureuses dans leur travail d’avoir des cartes en main pour trouver de nouvelles manières de changer leur vie professionnelle. Parfois, seuls de petits changements sont nécessaires, parfois ça vient de l’activité en elle-même, pour d’autres personnes, c’est plutôt l’environnement ou le lieu qui interroge. L’idée est de leur montrer qu’il existe forcément une voie pour eux, sans forcément rejeter le salariat, car il existe des entreprises avec des valeurs, des innovations managériales fortes. Tous ces nouveaux usages peuvent ouvrir de vraies portes à de nombreuses personnes.