le 20 octobre 2025
« L’intégration des réfugiés est une opportunité, pas seulement une responsabilité. »

Alors que 485 000 postes restaient non pourvus en France au 1er trimestre 2025, une part significative des 700 000 personnes réfugiées présentes sur le territoire, qui disposent pourtant du droit de travailler, peine encore à trouver leur place sur le marché de l’emploi. Freins linguistiques, CV atypiques, absence de réseau… Les obstacles sont nombreux, mais pas insurmontables. Pour Yasmine Leroux, directrice de Tent France, la coalition locale de Tent Partnership for Refugees, l’intégration de ces profils est une solution gagnante pour tous. Elle explique comment son organisation mobilise les grandes entreprises pour transformer cet enjeu sociétal en une véritable opportunité économique.

 

Un vivier de talents face à la pénurie de main-d’œuvre

Le constat est paradoxal. D’un côté, une pénurie de main-d’œuvre persistante ; de l’autre, des centaines de milliers de personnes prêtes à travailler. « La France compte environ 700 000 personnes bénéficiant du statut de réfugié ou de la protection temporaire », rappelle Yasmine Leroux. Originaires d’Ukraine, d’Afghanistan ou encore de Syrie, ces personnes ont le droit de travailler sans démarche particulière. Pourtant, leur taux de chômage reste quatre fois supérieur à la moyenne nationale. Un gâchis humain et économique, d’autant que la directrice de Tent France met en lumière un fait souvent méconnu : le niveau de qualification des réfugiés s’avère souvent élevé, un phénomène qui s’explique en partie par les ressources nécessaires pour fuir un pays en guerre.

 

Tent Partnership for Refugees : un pont entre les entreprises et les réfugiés

Fondé en 2016 aux Etats-Unis par l’entrepreneur Hamdi Ulukaya, Tent Partnership for Refugees s’est donné pour mission de faire le lien. « Notre objectif est de mobiliser les employeurs du monde entier pour faciliter l’accès au marché du travail des personnes réfugiées ». Le réseau, qui rassemble 500 grandes entreprises dans le monde, a lancé sa coalition française en 2023. Ses actions sont concrètes : coordination de programmes de recrutements pour personnes réfugiées, organisation de salons de l’emploi dédiés, programmes de mentorat pour les femmes réfugiées, développement de ressources, à l’instar d’un guide à destination des entreprises, ou encore formation des équipes RH pour lever les freins au recrutement. Le succès est au rendez-vous : « En 2024, plus de 10 000 réfugiés ont accédé à un emploi grâce à la mobilisation des entreprises du réseau Tent France ».

 

L’intérim, une première marche vers l’emploi durable

Parmi les acteurs engagés, le groupe Randstad joue un rôle moteur. « L’intérim est un très bon moyen pour les réfugiés d’accéder à l’emploi. C’est une première marche vers l’intégration économique », affirme Yasmine Leroux. Cet engagement est chiffré : lors du Tent European Business Summit de 2023, Randstad s’est engagé à favoriser l’accès à l’emploi de 50 000 réfugiés en Europe sur trois ans. Un objectif en bonne voie, puisque sur la seule année 2024, 37 000 personnes ont été mises en emploi par le groupe.

 

L’intégration des réfugiés, une solution gagnante pour tous

Pour Yasmine Leroux, le message aux entreprises est clair : « Vous avez tout à y gagner ». Au-delà de l’engagement éthique et sociétal, les bénéfices sont mesurables. « Nos études le prouvent : les personnes réfugiées sont des salariés particulièrement motivés, leur taux de rétention est supérieur à la moyenne. Sans compter que l’engagement des employeurs renforce la fierté d’appartenance des collaborateurs à l’égard de leur entreprise, ainsi que la perception de marque.” Une démarche qui allie sens et performance, et qui dessine l’une des facettes du futur du travail : plus inclusif, plus résilient, et plus humain.

Pour aller plus loin

Les entreprises intéressées par le recrutement de personnes réfugiées peuvent retrouver des guides pratiques et contacter les équipes de Tent France sur leur site, ou à l’adresse france@tent.org.