le 8 juin 2023
L’IA met au défi les compétences de demain

Selon le 4e rapport « Future of Jobs » du Forum économique mondial, publié en mai 2023, 23% des emplois devraient évoluer d’ici 2027. Une perspective qui plaide pour une mise à jour urgente des compétences au niveau mondial.

Au cours des cinq prochaines années, 83 millions d’emplois devraient disparaître et 69 millions être créés, selon le rapport « Future of Jobs » du Forum économique mondial. Cela représente un changement structurel du marché du travail de 152 millions d’emplois, soit 23% des 673 millions de salariés du périmètre de l’étude. 

Cette perspective d’une diminution nette de 14 millions d’emplois masque une réalité plus contrastée. Selon cette étude, menée auprès de 803 entreprises dans 45 pays, les risques les plus importants pour l’emploi sont le ralentissement de la croissance économique, les pénuries d’approvisionnement et l’inflation. À l’inverse, le rapport suggère plusieurs moteurs de création nette d’emplois : les premiers d’entre eux sont la transition écologique des entreprises, la relocalisation des chaînes d’approvisionnement, l’adoption des nouvelles technologies et un accès accru au numérique. 

 

Et en France ?

Top 3 des tendances globales ayant un impact sur la création d’emplois :

  • investissements liés à la transition écologique des entreprises (60%)
  • investissements liés à l’adaptation des entreprises au changement climatique (57%)
  • accès accru aux nouvelles technologies (56%)

 

La technologie et le numérique : 1er moteur de la création d’emplois

Les métiers qui devront connaître la plus forte croissance sont portés par la technologie et le numérique. Le Big Data, les technologies environnementales et la cybersécurité devraient  être les trois domaines les plus créateurs d’emplois. La demande des métiers tels que data analyst, data scientist, spécialiste du Big Data ou de l’intelligence artificielle (IA) devrait ainsi augmenter de 30% en moyenne d’ici 2027. 42% des entreprises interrogées estiment d’ailleurs que la formation à l’utilisation de l’IA et du Big Data sera une priorité au cours des cinq prochaines années. En parallèle, les nouvelles technologies et le numérique sont également à l’origine du rapide déclin de certains métiers tels qu’employé de bureau, secrétaire, guichetier, caissier ou opérateur de saisie.

Et en France ?

Top 3 des technologies ayant un impact sur la création d’emplois :

  • analyse du big data (57%)
  • chiffrement et cybersécurité (53%)
  • plateformes digitales & applis (44%)

Top 3 des métiers au cœur de la transformation du marché de l’emploi :

  • spécialistes en IA et en machine learning (49%)
  • data analysts et data scientists (44%)
  • business developers (24%)

 

La frontière homme-machine se déplace

Contrairement à ce que l’on aurait pu envisager, l’automatisation des tâches marque le pas, à hauteur de 34%, soit à peine 1 point de plus qu’en 2020. Les entreprises interrogées ont également revu à la baisse leurs attentes en la matière : elles envisagent aujourd’hui 42% d’automatisation des tâches d’ici 2027, contre 47% d’ici 2025 dans le rapport de 2020. En 2027, l’automatisation devrait ainsi varier entre 35% pour les processus de décision et 65% pour le traitement de données. 

Mais si le niveau d’automatisation stagne, sa nature évolue. Trois domaines dans lesquels les humains présentent a priori un avantage comparatif pourraient ainsi être davantage automatisés à l’avenir : le raisonnement, la communication et la coordination. L’IA, que 75% des entreprises interrogées comptent adopter, doit fortement impacter le marché de l’emploi, puisque la moitié des organisations s’attendent à ce qu’elle crée des emplois, tandis qu’un quart estiment qu’elle va en supprimer. 

L’enjeu rh autour de ce phénomène sera d’identifier les compétences ne pouvant pas être remplacées par la machine et favoriser la qualification des travailleurs afin de leur permettre de s’épanouir dans la nouvelle économie.

 

Près de la moitié des compétences actuelles vont évoluer

Les employeurs évaluent que 44% des compétences de leurs salariés seront bouleversées dans les cinq ans à venir. 85% d’entre eux estiment que le plus grand impact sur leurs organisations viendra de l’adoption des nouvelles technologies. La demande de main-d’œuvre spécialisée dans des secteurs tels que la santé, le changement climatique ou la gestion environnementale doit ainsi fortement augmenter, créant de nombreuses opportunités de développement pour les talents disposant des compétences recherchées. 

« Depuis 20 ans, Randstad mesure le ressenti des talents vis-à-vis de la technologie et de son impact sur l’emploi. Invariablement, nos études le montrent : les gens veulent apprendre et se développer, afin de rester à la pointe de la technologie. »

Sander van ’t Noordende, CEO de Randstad

La pensée créative, la pensée analytique et la culture technologique sont les trois premières compétences dont l’importance doit s’accentuer, suivies par la curiosité et la capacité à apprendre tout au long de sa vie, la résilience / la flexibilité / l’agilité, et la réflexion systémique. Les compétences cognitives et socio-émotionnelles – difficilement réplicables par l’IA – arrivent donc en bonne place dans ce classement. 

60% des salariés auront besoin de se former avant 2027 mais la moitié seulement semble pouvoir accéder à des opportunités de formation adaptées. Si les entreprises semblent confiantes dans le fait de développer les compétences de leurs salariés actuels, elles sont moins optimistes quant aux perspectives de recruter des talents au cours des cinq prochaines années. Le manque de compétences et l’incapacité à attirer les talents sont donc tenus pour les principaux obstacles à leur transformation. En réponse à cela, le premier levier identifié est la promotion interne (48%), devant l’augmentation des salaires (36%) et un programme de reskilling (requalification) et de montée en compétences (34%).

 

Un immense défi collectif

« On ne saurait trop insister sur l’importance du reskilling de la main-d’œuvre mondiale, souligne Sander van ’t Noordende, CEO de Randstad. L’économie mondiale est à l’aube d’une formidable avancée technologique, qui pourrait changer la vie de nombreuses personnes. Des emplois seront créés et transformés. Les entreprises fonctionneront d’une manière nouvelle. La croissance économique et la productivité augmenteront. Mais la société doit être prête. […] Depuis 20 ans, Randstad mesure le ressenti des talents vis-à-vis de la technologie et de son impact sur l’emploi. Invariablement, nos études le montrent : les gens veulent apprendre et se développer, afin de rester à la pointe de la technologie. »

Ainsi, l’étude Randstad Employer Brand Research 2023 montre que 2 salariés français sur 3 (61%) considèrent que la formation professionnelle est importante. 71 % d’entre eux souhaiteraient bénéficier d’une montée en compétences et 56% pouvoir se requalifier. Toutefois, moins de la moitié des salariés français interrogés (43%) estiment que ces possibilités leur sont offertes. « Alors que le monde du travail continue d’évoluer et de se restructurer, poursuit Sander van ’t Noordende, aider les personnes à se préparer à ce qui les attend sera une tâche monumentale. Les initiatives individuelles – qu’elles émanent des gouvernements, du secteur privé ou des organisations syndicales – ne suffiront pas. Un effort commun et coordonné de la part de toutes les parties prenantes est indispensable. »

 

Pour en savoir plus

Soutenu par Randstad, le rapport “Future of Jobs 2023” est une étude prospective basée sur le point de vue de  803 entreprises réparties dans 27 secteurs industriels et 45 pays. L’enquête porte sur les macro-tendances et les tendances technologiques, ainsi que leur impact sur l’emploi, les compétences et les stratégies de formation de la main-d’œuvre que les entreprises prévoient de mettre en place, sur la période 2023-2027.

Pour accéder au rapport (en anglais), cliquez ici